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Maudit hiver!

L'exemple des pays scandinaves

Photo : Shutterstock
Photo : Shutterstock

On devrait s'inspirer davantage des pays scandinaves, qui ont su mieux composer avec les rigueurs de l'hiver, croient plusieurs. Cette différence de culture se perçoit en effet lorsqu'on compare le Québec et la Scandinavie. Mireille Gauthier-Rouleau, une Québécoise, a suivi son mari suédois rencontré à Sherbrooke au cours de ses études. Depuis trois ans, elle habite la ville universitaire d'Uppsala, à 30 minutes de Stockholm, en Suède. Elle fait remarquer que l'aménagement des villes de ce pays est pensé pour faciliter les activités extérieures durant la saison morte : «Les hivers suédois sont plus doux, il est vrai, et il est possible de faire du vélo pendant toute l'année grâce aux nombreuses pistes cyclables aménagées. De plus, les Suédois ont un système de transport en commun tellement efficace que moins de gens utilisent leur voiture. Certaines rues et certains trottoirs sont chauffés grâce à la récupération de l'eau des maisons et même à l'énergie dégagée par le compostage. Et l'éclairage des maisons suédoises est aussi pensé en fonction des heures d'ensoleillement moins nombreuses en hiver», conclut-elle.

Isabelle Poitras est urbaniste à la Ville de Québec, détentrice d'une maîtrise en environnement de l'UdeS.
Isabelle Poitras est urbaniste à la Ville de Québec, détentrice d'une maîtrise en environnement de l'UdeS.

«On a avantage à s'inspirer des pays scandinaves!» commente Isabelle Poitras, urbaniste à la Ville de Québec et détentrice d'une maîtrise en environnement de l'UdeS. Elle reconnaît même que les cours d'urbanisme traitent peu de la problématique hivernale.

«Au Québec, par exemple, il faudrait que les personnes âgées puissent  continuer de sortir même s'il fait froid. Nous devrions créer un réseau de transport plus adapté pour ces gens-là», ajoute-t-elle. L'urbaniste affirme qu'il y a bien une volonté politique de faire de Québec une véritable ville nordique, mais que les actions concrètes ne suivent pas. Cette année, la ville a décidé, souligne-t-elle, de ne plus dégager certains trottoirs des quartiers résidentiels pour des raisons financières. Il s'agit d'un recul, selon elle : «On est un pays nordique. Il neige, alors faisons donc tout pour rendre cela agréable.»

Hardy Granberg est professeur agrégé au Département de géomatique appliquée de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'UdeS.
Hardy Granberg est professeur agrégé au Département de géomatique appliquée de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'UdeS.

Notre admiration pour les pays nordiques est exagérée, croit pour sa part le professeur de géographie Hardy Granberg, qui est né en Laponie, la région la plus au nord de la Suède. Il admet que les Lapons ont davantage réfléchi à la question de l'hiver, au point d'avoir inventé 300 mots destinés à décrire l'état de la neige. Mais en Suède aussi, une bonne partie de la population déteste cette saison, tout comme nous. «Leur taux de suicide est aussi très élevé», fait remarquer Pierre Gagné, lui aussi prudent devant la tentation de dire que l'hiver est plus blanc chez le voisin.